Le journal de bord
Le journal de bord est un outil utilisé dans différents contextes pour garder des traces d’une action en train de se faire, et pour développer sa réflexion sur cette action et sur sa propre posture.
Il est souvent utilisé dans la formation des personnes assurant des activités qui ont une forte composante relationnelle : formateurs∙rices, animateurs∙rices, éducateurs∙rices, accompagnant∙e∙s… Il est également utilisé par les chercheurs∙euses en sciences sociales lors d’immersion dans des terrains d’enquête, ou dans des processus de recherche-action.
Le principe
Un journal de bord sert à noter ses observations et ses réflexions « à chaud », juste après un moment fort de l’action. Il permet ainsi de garder une trace de ce qui se joue dans une action qui met en jeu plusieurs personnes.
Il peut prendre la forme d’un cahier ou d’un fichier informatique, en fonction de ce qui est le plus pratique par rapport aux conditions matérielles, mais dans tous les cas, on va distinguer systématiquement deux ou trois parties.
« Les faits »
On note, le plus objectivement possible, les faits qui se sont déroulés ce jour-là.
Exemple : Léo a proposé un brise-glace. Tout le groupe participe, sauf Victorine qui refuse et s’assoie sur le côté.
« Mes ressentis »
On note comment on s’est senti, y compris par rapport aux faits mentionnés dans l’autre partie.
Exemple : je me suis senti mal à l’aise. J’aurais voulu aller voir Victorine mais je n’ai pas osé, je n’étais pas sûr qu’elle l’aurait bien pris.
« Mes interprétations »
Cette partie est facultative. Elle est utile notamment pour les personnes qui envisagent une analyse (capitalisation, recherche-action…) du processus par la suite.
On note alors ses premières pistes d’analyse sur ce qui s’est passé.
Exemple : il m’a semblé que l’introduction du brise-glace avait été trop rapide, le groupe n’était pas encore habitué à ce type de méthode, et cela a provoqué un malaise pour certain∙e∙s participant∙e∙s.
Un objectif individuel
Cet exercice va permettre, individuellement, de réfléchir et d’observer dans le temps l’évolution de sa propre posture de formateur∙rice / animateur∙rice / accompagnant∙e. Ainsi, le journal de bord est en lui-même un outil de formation individuelle.
Un soutien aux processus collectifs de capitalisation
On peut également utiliser cet outil avec un objectif plus collectif, afin de préparer ou accompagner des processus de capitalisation ou de recherche-action. Les membres d’un groupe peuvent alors tenir chacun∙e un journal de bord et les mettre en commun pour faciliter l’analyse a posteriori (chaque personne pourra décider de ne pas partager certains passages de ses ressentis). Cet outil peut être complémentaire des entretiens de capitalisation qui sont souvent menés a posteriori, car le journal de bord garde une trace du processus depuis le démarrage, alors que les participant∙e∙s ne savaient pas encore exactement ce qui allait se produire pendant le déroulement de l’action, ce qui allait bien fonctionner ou non. Il n’y a donc pas de « reconstruction a posteriori ».