La mise en place de champs potagers collectifs : une stratégie de lutte contre la malnutrition
Dans le cadre du projet RECASE, Adenya et Duhamic-ADRI accompagnent des paysan.ne.s vulnérables membres d’Organisations Communautaires de Base (OCB) dans le but de renforcer leurs capacités socio-économiques et pour être des acteur.ice.s du changement social au Rwanda.
En complément des formations qui leur sont proposées (en techniques d’élevage, agroécologie, nutrition, gouvernance des OCB…), le projet a développé une approche communautaire solidaire à travers 6 composantes :
- la mise en place des pépinières paysannes,
- la mise en place des champs collectifs potagers,
- la création des tontines,
- la démultiplication des animaux,
- les actions du fonds Participation,
- les actions collectives concertées.
Une capitalisation a été menée sur l’ensemble de ces initiatives, afin de documenter les méthodes développées et les leçons apprises, mais aussi faire ressortir la complémentarité entre les différentes composantes de l’approche communautaire solidaire du projet RECASE.
Contexte
Les membres des groupements accompagnés par le projet RECASE ont identifié comme prioritaire le problème de la malnutrition de la population, surtout chez les enfants des paysan.ne.s accompagné.e.s qui ont moins de 5 ans.
L’approche mise en place consiste à lutter contre la malnutrition par la promotion des champs potagers collectifs, qui permettent aux paysan.ne.s de cultiver collectivement des fruits et légumes en vue de préparer des repas équilibrés au niveau des ménages, mais aussi de permettre aux paysan.ne.s de pouvoir générer quelques revenus monétaires grâce à ces champs potagers. En effet, la vente des fruits et légumes dans des marchés permet aux paysan.ne.s d’acheter des vivres manquants, de satisfaire d’autres besoins (santé, éducation…) et d’augmenter et diversifier leur production maraichère.
De la mise en place des champs potagers jusqu’à la sensibilisation
Cette activité a été mise en œuvre par l’équipe du projet RECASE, composée d’animateur.ice.s de projet et d’animateur.ice.s de proximité qui vivent au plus près des collectifs qu’ils/elles accompagnent. Cette fiche retrace les différentes étapes de ce processus :
1. Formation et définition d’un plan d’action
- Préparer le site de formation (dans le champ collectif de l’OCB ou d’un membre de l’OCB)
- Préparer/collecter le matériel nécessaire pour la formation (le module, et autres outils de formation)
- Rencontre avec les membres des OCB sur le site de formation et introduction de l’activité
- Formation proprement dite des membres de l’OCB sur les techniques agro écologiques et de maraichage
- Etablir un plan d’action de l’activité de mise en place des champs collectifs (activité, période, matériel nécessaire, responsable, appui souhaité)
2. Acquisition du champ et du matériel
- Accompagner les membres des comités des OCB dans la négociation des champs auprès des autorités
- Négocier l’obtention d’un champ propice à l’activité (situé tout près d’une source d’eau), auprès des autorités locales ou d’autres paysan.ne.s, gratuitement ou par la location du champ
- Acquisition du matériel indispensable de la part du projet par les animateur.ice.s qui accompagnent les paysan.ne.s (brouettes, arrosoirs, houes, râteaux, pelles, et autres)
3. Travail des paysans sur le champ, du défrichement à la récolte
- Préparer le champ : défrichement, premier et deuxième labour
- Acquisition d’intrants (semences, fumier)
- Procéder au semis des légumes
- Arrosage et entretien (sarclage et binage) des plants dans le champ
- Faire le traitement des plants avec des pesticides naturels pour lutter contre les insectes
- Récolter des légumes et décider de l’affectation de la récolte
4. La sensibilisation via des concours culinaires
- Formation des membres du comité des OCB sur la nutrition (comme préalable)
- Démultiplication de cette formation auprès des membres des OCB par les paysan.ne.s animateur.ice.s formateur.ice.s (PaFos) spécialisé.e.s en nutrition, et les membres des comités des OCB
- Appui aux OCB par la distribution de matériel d’hygiène par le projet (assiettes, cuillères, gobelets, casseroles, jerricans, nattes, …)
- Information des membres des OCB pour la préparation du concours culinaire
- Invitation de la population environnante et d’autres acteur.ice.s (centre de santé, écoles, autorités, habitant.e.s) à participer à cet événement
- Mise en commun par les OCB, de différents types d’aliments et préparation des repas équilibrés afin de participer aux concours culinaires
- Sensibilisation de la population, dont les membres des OCB, à l’hygiène et à la préparation de repas équilibrés à travers des séances de questions/réponses sur les thématiques d’hygiène, de nutrition et planification familiale, animées par la nutritionniste ou par un agent du centre de santé
- Visite des stands et cotation des OCB ayant participé aux concours culinaire
- Récompense des OCB et des membres de ces dernières ayant gagné aux questions/réponses
Effets et impacts induits : des initiatives démultipliées dans une dynamique de transformation sociale
La mise en place de champs potagers collectifs au niveau des OCB a permis une augmentation et une diversification des récoltes de légumes, répondant ainsi aux besoins alimentaires des membres. Les paysan.ne.s ont pu améliorer leurs connaissances en techniques maraîchères au cours des formations et par la pratique, et les paysan.ne.s habitant aux alentours des champs potagers collectifs ont également bénéficié de cette dynamique.
Les membres des OCB ont activement participé à des journées citoyennes sur la thématique de la bonne nutrition, contribuant à sensibiliser la population à l’importance d’une alimentation saine. Grâce à ces initiatives, une diminution des cas de malnutrition, en particulier chez les enfants, a été observée.
La vente des légumes issus des cultures maraîchères a permis aux membres de l’OCB de se constituer des économies, renforçant ainsi leur sécurité financière. De plus, les compétences qu’ils/elles ont développé en cultures maraîchères, et leurs actions de sensibilisation en matière de nutrition et d’hygiène, ont amené les OCB à être davantage reconnues dans leur localité, notamment des autorités locales.
Les actions menées par les OCB ont inspiré d’autres acteur.ice.s locaux, et de plus en plus d’associations dans la localité s’investissent dans des projets similaires autour des cultures maraîchères, ce qui démultiplie les effets positifs.
Formation pratique des membres des OCB à la construction d’un champ potager collectif