Se rencontrer dans un contexte d’interculturalité

L’expérience de la rencontre entre Cenca et Fedina nous indique que l’interculturalité peut freiner ou compliquer les échanges entre les partenaires, mais qu’il est possible de mettre en place de bonnes pratiques afin d’éviter que le poids des stéréotypes culturels ne pèsent sur la rencontre !

En amont du voyage

A plusieurs reprises, lors des réunions préparatoires, les craintes autour des différences culturelles ont été abordées. Les participant.e.s étaient invité.e.s à compenser systématiquement ces craintes en évoquant un sentiment positif que le voyage d’échange leur inspirait : l’excitation de la nouveauté, l’envie de partager sur les choses qui nous tiennent à cœur... A la fin du tour de table, les sentiments positifs l’emportent sur les craintes !

Tout au long de la préparation du voyage d’échange, les participant.e.s ont été incité.e.s à s’envoyer des photos, des vidéos des lieux dans lesquels ils et elles travaillent, des personnes qu’ils et elles accompagnent, des outils d’accompagnement qu’ils et elles utilisent. Ces échanges, via un groupe WhatsApp, ont permis de construire peu à peu de nouvelles images des réalités économiques, sociales et culturelles.

Rapidement, les participant.e.s se sont aperçu qu’ils et elles avaient de très nombreuses représentations préconçues des contextes culturels étrangers. Pour que ces stéréotypes ne freinent pas l’entente entre les deux organisations, tous et toutes ont souhaité réserver un temps à cette thématique dans le planning de la rencontre. Ainsi, la première demi-journée du voyage d’échange était entièrement consacrée aux contextes socio-culturels de chaque pays.

Bien commencer le voyage en démarrant par une visite terrain

Pour faciliter les échanges, et notamment la compréhension de Fedina du contexte d’intervention de Cenca, les membres de l’équipe Habla Mujer ont organisé une visite touristique de San Juan de Lurigancho, le district dans lequel Cenca travaille. Pour organiser cette visite, Cenca s’est appuyée sur une association locale, IDE Cultura, qui organise des visites guidées touristiques de San Juan de Lurigancho.

Le but de ces visites est d’accompagner les habitant.e.s à changer de regard sur ces quartiers difficiles et qu’ils-elles découvrent et commencent à revendiquer leur héritage culturel, en explorant les vestiges pré-Inca (Huacas) ou les initiatives citoyennes locales. Malgré la présence de ces sites dans le district, celui-ci reste très peu visité par des touristes, du fait de son éloignement des zones touristiques de Lima et de sa réputation.

Grâce à cette journée de visite, les membres de Fedina ont eu un aperçu du contexte social et culturel dans lequel Cenca intervient. Cette activité a également permis à l’équipe de Cenca de découvrir de nouveaux acteurs et de nouvelles actrices qui agissent sur le même territoire !

Bipin et Ganga, les représentant.e.s de Fedina, ont partagé les surprises que ces visites leur ont suscitées :

– Ils/elles ont été surpris par le faible afflux de personnes dans les rues, même dans des zones densément peuplées, en comparaison avec l’Inde.
– De plus, ils/elles ont été frappés par la manière dont les quartiers vulnérables sont répartis à Lima, où ils sont séparés des quartiers plus aisés, tandis qu’en Inde, ces quartiers peuvent souvent être proches voire se mélanger.
– Ils/elles ont également été surpris par les inégalités flagrantes entre les quartiers et les individus.
– Enfin, la pratique des Ollas Comunes (cantines communautaires) les a également étonné.e.s, puisque les habitant.e.s peuvent y préparer et partager des repas ensemble, alors qu’en Inde le système des castes rend difficile voire impossible que des personnes de castes différentes partagent un repas.

Tout au long de la rencontre

Tout au long de cette semaine d’échange, les participant.e.s ont pu aborder les différences culturelles de nombreuses manières. Ils et elles ont pu échanger des recettes de cuisine de leurs régions ou des musiques traditionnelles de leurs pays. Les brise-glace ont été un outil particulièrement adapté pour traiter de l’interculturalité lors de ce voyage d’échange :

• Lors du premier atelier, chaque organisation a présenté des infos clés sur son pays sur une carte et de les présenter puis donner 3 exemples : ce que j’aime de mon pays, ce que je n’aime pas de mon pays et ce qui est en train de changer.
• Les participant.e.s ont ensuite réalisé un acronyme à partir des noms des organisations : CENCA devait réfléchir à des mots clés pour représenter Fedina à partir des lettres FEDINA (Formation, Empowerment, etc.) et l’inverse pour Fedina. Puis chaque organisation reprenait ces acronymes pour présenter ses valeurs et axes d’intervention.
• Un autre brise-glace proposé consistait pour les participant.e.s à donner des affirmations commençant par « si j’étais un homme/une femme » (par exemple, « si j’étais né homme, j’aurais pu faire des études longues »). Ce brise-glace a permis de mettre en évidence les différences culturelles en découvrant les stéréotypes de genre en Inde et au Pérou.