Les bonnes pratiques d’un.e formateur.trice en alphabétisation : l’expérience de Récasé
Dans le cadre du projet Récasé au Rwanda, des paysan.ne.s animateurs.trices formateurs.trices (Pafos) sont accompagnés par Duhamic-Adri et Adenya pour assurer des classes d’alphabétisation fonctionnelle en kinyarwanda à destination des membres analphabètes de groupements paysans.
Au terme de la première cohorte, une capitalisation a permis de faire ressortir des bonnes pratiques de formation et d’accompagnement des membres d’OCB par les Pafos. Vous pouvez découvrir cette capitalisation en cliquant sur l’article dans la colonne ci-contre.
Cette fiche de "bonnes pratiques" peut servir de guide pour les formateurs.trices en alphabétisation à partir de l’expérience des Pafos dans le contexte du projet Récasé au Rwanda. Pour la plupart de ces apprenant.es, il s’agit d’une première expérience de formation en alphabétisation.
Maintenir une forte proximité avec les apprenant.es
En échangeant directement avec eux/elles sur les classes, leurs difficultés, mais aussi leur vie quotidienne. Les visites aux domiciles des apprenant.es permettent aux Pafos de maintenir une relation de proximité avec eux/elles, de comprendre les raisons de leurs absences ou retards, et de prévenir les abandons. Les Pafos et les apprenant.es se considèrent souvent comme des ami.es.
Cette proximité permet d’instaurer une relation de confiance avec les apprenant.es pour qu’ils/elles se sentent à l’aise d’exprimer leurs difficultés, ce qui permettra aux Pafos de repartir des préoccupations des apprenant.es pour mieux préparer les classes.
Adapter l’accompagnement et le suivi des apprenant.es selon leur niveau
Bien que les Pafos suivent un programme, ils/elles ne passent pas trop de temps sur les mots compliqués qui ne servent pas aux apprenant.es dans leur vie quotidienne. Les Pafos se concentrent ainsi sur les leçons les plus utiles pour les apprenant.es.
En classe, le/la Pafo fait aussi des groupes de niveaux pour varier l’encadrement. Dans certaines classes, un système de « marraines » a été mis en place : les Pafos donnent les livres aux apprenant.es les moins performant.es qui peuvent les utiliser chez eux/elles, tandis que les autres apprenant.es se joignent à eux pour utiliser le livre qu’ils/elles ramènent pendant les classes.
Quand l’apprenant.e revient après une absence, le/la Pafo fait en sorte qu’il/elle rattrape les cours en travaillant un peu plus tard, ou en organisant des séances de rattrapage. Pour mieux comprendre les difficultés et les absences ou retards des apprenant.es, les Pafos peuvent leur rendre visite à leur domicile et échanger avec eux/elles et leurs familles. Ils échangent avec les apprenant.es pour être au courant des cérémonies (mariages, enterrements) auxquelles ils vont participer qui les empêcheront d’assister aux classes.
Préparer les leçons
Les Pafos préparent les leçons avant chaque classe. Voici deux témoignages de Pafos qui décrivent la préparation de leurs leçons :
« Je regarde dans le livret pour voir les leçons que je vais donner. Je lis la leçon, et je compare entre ce que je sais et ce que je lis. Si j’ai bien compris la leçon, alors je la prépare dans mon cahier. Dans le livre, j’imagine comment je vais transmettre les connaissances. Je prépare aussi les questions que je vais poser par rapport à la problématique du jour. C’est comme un squelette du jour. Je me donne un temps la veille pour préparer tout ça. »
« Je prépare à la maison en écrivant. Je prends 2h avant d’aller donner la leçon. Je détermine le temps pour chaque séquence. Je note l’activité qui va se faire, pour toujours commencer par une révision de l’activité précédente. Je prépare les questions de la leçon. Si par exemple il y a des images, je note quand est-ce que je vais montrer l’image et comment. Je note les questions de compréhension de l’image. Quand tu te prépares à l’écrit, tu prépares en même temps dans ta tête. Et c’est plus facile pour transférer les connaissances. »
Arriver en premier.e aux classes
Les Pafos essayent d’arriver en premier.e, et ce malgré la pluie, car si les apprenant.es sont là avant les Pafos, ils/elles peuvent repartir. Cela permet également d’avoir le temps d’échanger plus librement avec les apprenant.es avant de commencer la classe.
Echanger régulièrement avec l’ensemble des acteurs impliqués dans les classes d’alphabétisation
Dans le contexte du projet Récasé, les acteurs impliqués sont les membres des bureaux des OCB, mais aussi les gestionnaires des salles de classe. Les Pafos échangent régulièrement avec ces derniers pour s’assurer de la disponibilité des salles.
Les membres des bureaux des OCB prévoient des rappels et motivent les apprenant.e.s à participer aux classes. Les Pafos informent les OCB en cas d’abandon, pour qu’elles puissent encourager les apprenant.e.s à reprendre les classes.
Enfin, les Pafos échangent aussi avec l’équipe du projet Récasé, par rapport aux difficultés rencontrées avec les apprenant.es, pour leur demander des conseils.
Proposer des initiatives pour améliorer la cohésion de la classe et inciter la participation
Par exemple, des tontines sont organisées dans certaines classes ; il y a également des chefs et cheftaines des apprenant.es, ou des responsables élu.es par la classe (notamment pour la gestion de la clé de la salle). Le/la Pafo a alors pour rôle d’inciter et de faciliter la mise en place de ces initiatives.