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Les cercles de parole entre hommes à l’APEF

Les apprenantes de l’APEF, qui suivent des formations émancipatrices et entrepreneuriales, ont sollicité les animatrices de l’APEF afin d’organiser des formations pour leurs frères, maris ou tuteurs. Elles ressentaient que les formations qu’elles recevaient (sur des thématiques comme le genre, les violences basées sur le genre, l’héritage, la gestion des revenus dans leur ménage, etc.) n’étaient pas suffisantes sans les impliquer également.

C’est en ce sens que l’APEF a décidé de mettre en place des formations à destination de ces hommes pour également les sensibiliser sur ces sujets. Pour l’APEF, il est important d’impliquer les hommes comme alliés dans les débats et les actions à mener pour l’équité des genres à Bukavu, et lutter contre les masculinités hégémoniques.

Le format initialement prévu était une formation de 4 séances de deux heures sur des thématiques similaires des formations émancipatrices des femmes (concept de genre, violences basées sur le genre, droits liés au mariage, gestion mixte des revenus). Cette formation, donnée à l’APEF, était ouverte à 15 hommes (maris, pères, tuteurs) pour chaque promotion en cours, que ce soit en alphabétisation et en coupe couture.

Les défis – Quelles sont les difficultés auxquelles l’APEF a dû faire face lors de ces formations ?

Absentéisme aux séances  : malgré une inscription volontaire à ces formations et un choix collectif entre hommes sur les horaires des séances, les hommes venaient soit avec deux heures de retard, soit ne venaient pas tout. Le fait de ne pas travailler pendant un laps de temps constituait une perte financière considérable sur leur journée.
Désengagement : Le constat après 2 promotions était qu’il était difficile d’interpeller les hommes et de les sensibiliser, car ils avaient une attitude réfractaire. Aborder des questions autour de la déconstruction des masculinités traditionnelles et hégémoniques en RD Congo est un sujet épineux, et les hommes restaient sur leur positionnement. Nous avons pu aussi identifier un frein sur le format des séances. Le format classique de « formation » n’était pas approprié et pas assez attrayant pour mobiliser et intéresser les hommes sans qu’ils se sentent accusés. La méthodologie d’enseignement dite « descendante » ou « verticale » ne permettait pas aux hommes de s’approprier le sujet et de se requestionner.

Réflexions – Quels sont les réajustements que l’APEF a mis en place ?

Pour répondre à ces difficultés, l’APEF a pris le temps de réajuster leur approche auprès des hommes. Pour cela, ils se sont inspirés de la démarche « Habla Causa » du partenaire CENCA au Pérou présenté lors d’un renforcement entre pairs au sein de collectif « Former pour Transformer ».
Ainsi, l’APEF a remplacé « les formations sur les masculinités positives à destination des hommes » par « des cercles de paroles entre hommes ».

Mais qu’est-ce qu’un cercle de parole entre hommes ?

Un cercle de parole est un espace de parole et d’écoute non-mixte dans un café - restaurant (hors des murs de l’APEF) afin de se rencontrer dans un endroit neutre.
L’APEF a choisi comme modalité de convier les hommes pour une activité qu’ils affectionnent à Bukavu. C’est pourquoi, les cercles de paroles ont été sollicités dans un café – restaurant, les hommes appréciant énormément de parler entre eux de politique, des problèmes qu’ils rencontrent et des conditions de vie à Bukavu autour d’un verre.

Objectif  : Ouvrir un espace de parole et d’écoute entre hommes, non-mixte, pour les sensibiliser sur les masculinités. Cet espace est un lieu de confiance où les hommes peuvent parler librement des problèmes qu’ils rencontrent au quotidien en tant qu’hommes autour des masculinités.

Modalités – quels sont les principes de base de ces cercles ?
  Rencontre non-mixte, y compris le facilitateur, dans un café-restaurant à Bukavu (hors de l’enceinte de l’APEF) ;
  Instaurer un climat de confiance, d’écoute et de de partage ;
  Un sucré (une boisson-soda) est offert par l’APEF ;
  Il n’y a plus de formateur mais un facilitateur. Le rôle du facilitateur est d’accompagner les hommes dans une discussion ;
  Ce ne sont plus 4 formations mais 3 temps d’échange sur les problèmes que rencontrent les hommes dans leur quotidien, axés sur les masculinités positives ;
Après les formations, un suivi est réalisé par l’APEF auprès des ménages de ces hommes.

Les masculinités positives à l’APEF
Auteur(s) : APEF