L’alphabétisation dans le projet Récasé

Il s’agit donc d’une nouveauté dans le projet Récasé, qui s’est inspiré des pratiques d’autres membres du collectif FpT à travers des séances d’échanges entre pairs sur la thématique de l’alphabétisation. Retrouvez une synthèse de ces séances en cliquant sur l’article dans la colonne ci-contre :

Pourquoi cette formation en alphabétisation ?

L’objectif : former les paysan.ne.s pour encourager et améliorer la participation à la vie associative et citoyenne au sein des groupements des personnes non alphabétisées, qui souvent ne se sentent pas légitimes à prendre la parole et n’ont pas les compétences requises pour occuper des postes à plus fortes responsabilités. En effet, les personnes non alphabétisées ne peuvent prétendre qu’au poste de conseiller/ère dans une OCB, tandis que pour les postes de secrétaire, président.e ou trésorie.re, il est indispensable de savoir lire et écrire. Cela constitue donc un frein à la vie démocratique au sein des OCB, car ces postes restent occupés par les mêmes personnes pendant longtemps et restent inaccessibles à une partie des membres de ces groupements. De manière plus générale, les apprenant.es ont indiqué être motivé.e.s à participer à ces classes d’alphabétisation pour :

• Pouvoir lire les panneaux
• S’orienter dans les services au centre de santé
• Aider les enfants pour faire leurs devoirs
• Faciliter dans les tontines
• Participer à la vie du groupement en occupant un poste à responsabilité (secrétaire, trésorier.e, etc.)
• Apprendre à compter et gérer une activité génératrice de revenus, etc.

Témoignages

Trois animateurs de proximité du projet Récasé (Fifi, Cyridion et Emmanuel) témoignent également de l’importance d’être alphabétisé dans le contexte des OCB :
« Quand les membres [d’OCB] savent lire et écrire, pendant les élection il y a une meilleure alternance dans les comités. Ces personnes peuvent maintenant entrer dans les comités. »
« Ça renforce les connaissances. Ils peuvent lire les journaux, les livres, qui contiennent des mots visibles. »
« Savoir lire et écrire c’est très important notamment dans les tontines, pour pouvoir calculer ses parts. Ça permet également de combattre la timidité. Ils peuvent lire les panneaux, les pancartes. »

Des séances d’échanges entre pairs avec des organisations membres du collectif Former pour Transformer ont permis à l’équipe de Récasé d’identifier qu’il faudrait s’appuyer sur des personnes ayant déjà de l’expérience dans l’enseignement. 24 paysan.nes animateurs.trices formateur.trices ont ainsi été retenu.es pour les 8 zones du projet, et ont participé à une session de remise à niveau sur deux jours, afin de s’approprier le programme d’alphabétisation et concevoir une séquence de formation. En plus de leur expérience dans l’alphabétisation, ces formateurs.trices sont eux/elles-mêmes des paysan.nes agriculteurs.rices ou éleveur.euses, qui connaissent donc bien la situation des participant.es aux formations.

Profil des Pafos

• 14 femmes et 10 hommes
• Âgé.e.s entre 29 et 64 ans (moyenne : 53 ans)
• Des paysan.nes qui ont de l’expérience dans l’enseignement

Profil des apprenant.es

• Des apprenant.es âgé.es entre 21 ans et 81 ans. (moyenne : 48 ans)
• Des paysan.nes majoritairement membres d’OCB ou GEP
• Première formation d’alphabétisation pour une grande majorité

Déroulement des classes

Un programme d’alphabétisation fonctionnelle en kinyarwanda
Le programme suivi par les Pafos est un programme de l’Etat rwandais, qui comprend des leçons en lecture, écriture et calcul. Ce programme aborde des thématiques variées telles que :
• La gestion
• La santé
• La protection de l’environnement
• La vie associative
• La citoyenneté

Il s’agit de thématiques qui correspondent au contexte des OCB, ainsi qu’aux autres activités du projet Récasé. Pour suivre ce programme, le projet Récasé a distribué pour chaque Pafos un livret du la formateur.rice, ainsi que des livrets pour les apprenant.es.

Des sessions de deux heures, deux fois par semaine
Chaque semaine, les apprenants bénéficient de deux cours de deux heures l’après-midi. En moyenne, chaque classe compte 25 participants. Les sessions se déroulent dans divers locaux, en fonction de la disponibilité dans chaque zone, tels que des salles d’écoles, des espaces dans les églises, et des locaux dans les bureaux de l’administration locale.

Pour garantir le bon déroulement des cours, le projet Récasé a fourni aux Pafos un ensemble de matériel essentiel, comprenant des stylos, des craies de couleur, un cahier de préparation des cours, un cahier d’appel, un tablier, ainsi que des bottes adaptées aux conditions pluvieuse.

Des difficultés pour les apprenant.es

Les retards et les absences des apprenants influencent le bon déroulement des classes. Lors de la saison des pluies, les apprenants doivent travailler davantage dans leurs champs pour éviter des pertes de production. Les trajets entre le domicile des Pafos et les lieux des classes varient, certains prenant moins de 30 minutes, d’autres plus de 1h30. Malgré ces défis, les Pafos effectuent des visites régulières pour comprendre les raisons des retards ou absences.

Les Pafos rencontrent aussi des difficultés liées au niveau hétérogène des apprenant.es, ce qui nécessite un suivi personnalisé. Les apprenant.es ayant des difficultés sont souvent ceux/celles qui s’absentent le plus, et les Pafos vont souvent davantage échanger avec ces apprenant.es et les visiter chez eux/elles pour trouver des solutions avec eux/elles.

De manière générale, les Pafos entretiennent des relations amicales avec les apprenant.es et cherchent à les motiver à assister aux classes. Les bonnes pratiques des Pafos sont consultables sur la fiche Les bonnes pratiques d’un.e formateur.trice en alphabétisation : l’expérience de Récasé, qui est également disponible sur l’Atelier de la Transformation Sociale.

Un outil de suivi inspiré des pratiques d’autres membres du collectif Former pour Transformer
C’est à partir des échanges avec l’UGPM, CONCEPT, l’APEF que des fiches de suivi des classes ont été élaboré. Ces fiches indiquent la participation des apprenant.es aux classes, mais aussi les cours qui ont été dispensés, les réussites et difficultés liées aux performances scolaires. Cet outil est structuré ainsi :

• Une liste de présence des apprenant.es :
  • Le nombre de présences et d’absences pour chaque personne, ainsi que le motif des absences
  • Des informations sur chaque apprenant.e telle que le village, secteur, numéro d’identification et année de naissance
• Des questions sur les classes du mois :
  • Les nouvelles liées à la performance et aux réalisations scolaires :
  • Les classes du mois (quelle partie du programme a été abordée) :
    • Lecture et écriture :
    • Mathématiques :
    • Conversation :
• Des commentaires sur les performances scolaires globales :
  • Réussites du mois :
  • Difficultés du mois :
  • Mesures prises pour améliorer les performances scolaires :